L’une des sources du problème vient sans doute de votre manque d’observation de la lumière. Que vous preniez des photos avec un réflex ou avec un téléphone mobile, savoir observer la lumière et modifier vos prises de vues en conséquence sera essentiel à vos progrès photographiques.
L’idée de cet article est de ne plus jamais vous contenter de capter une bonne lumière par hasard, mais bien par volonté et maîtrise de la photographie 🙂
- Au sommaire
- 1/ La lumière de midi
- 2/ Les Golden Hours et les Blue Hours
- 3/ Le contre-jour
- 4/ Brouillard & nuages
- 5/ La lumière latérale
- 6/ Exercice pratique
Plusieurs facteurs distinguent un cliché banal d’une bonne photo, ou encore une bonne photo d’une photo superbe. L’exposition, la composition, et la capacité à capter un instant précis comptent parmi ces facteurs essentiels… ainsi que la lumière, un élément à ne jamais oublier.
La qualité d’une lumière peut radicalement influencer la qualité de votre image : si elle peut conférer une platitude totale à votre photo, elle peut surtout lui donner une belle profondeur en faisant exploser les contrastes et les couleurs.
Pour commencer, précisons que je n’aborderai dans cet article que la lumière naturelle. La maîtrise de la lumière en studio ou avec votre flash cobra mérite en effet un article à part entière. Nous aurons bien d’autres occasions d’y revenir.
La nature nous offre chaque jour une palette de lumières variées, selon l’heure du jour et la saison en cours. Il existe ainsi des types de lumière divers et variés : dure, douce, froide, chaude, laiteuse, colorée, etc.
La direction de la lumière est également à prendre en compte : est-elle directe, angulaire, verticale, horizontale, frontale, ou dans le dos ?
Apprendre à observer la lumière, c’est aussi apprendre à mieux construire ses photos.
La lumière de midi
La lumière de midi n’est généralement pas l’amie des photographes. Très lumineux et à la verticale de notre planète, le soleil « écrase » tout : les ombres sont alors projetées vers le bas et deviennent très sombres, alors que les zones de couleurs claires sont rendues trop claires, sans détails (on dit alors que les détails sont « cramés » par trop de lumière). Il en résulte des photos trop contrastées pour les portraits, et pas assez pour les paysages. Je m’explique :
– Pour les photos de portraits, les zones très sombres se retrouvent la plupart du temps dans les orbites oculaires et juste sous le menton. Le rendu du visage est alors très dur : les angles du visage sont mis en exergue ainsi que la moindre imperfection de la peau, et on peine à saisir le regard du sujet car il se perd dans les ombres.
– Quant aux paysages, ils sont complètement écrasés par la lumière. Les ombres étant projetées vers le bas, le paysage manque de contraste, et donc de relief, ce qui le rend plat et peu intéressant d’un point de vue photographique.
Les « Golden Hours »
(…ou « heures dorées » en bon français)
C’est en début de matinée ou en fin d’après-midi que l’on trouve les lumières les plus intéressantes, celles qui valorisent le plus un sujet ou une scène. Le soleil est bas sur l’horizon, à l’horizontal : il projette alors des ombres longues, douces et profondes qui confèrent beaucoup de relief aux images en définissant clairement les contours des sujets qui accrochent la lumière.
De plus, en raison de cet angle faible, la lumière prend à ces heures une teinte douce et chaude due à la brume atmosphérique. On peut alors profiter de teintes variant du jaune au rouge en passant par une belle palette d’orangés.
C’est un moment idéal pour prendre un paysage en photo car les heures dorées le valoriseront énormément.
N’oubliez pas de bouger pour faire en sorte que votre sujet principal soit bien éclairé par cette lumière chaude, tout en veillant à ce que l’on distingue bien les longues ombres. Cela donnera du relief, de la profondeur à votre photo.
Les « Blue Hours »
Quant aux heures bleues, il s’agit de l’instant qui précède le lever du soleil, et qui en suit immédiatement le coucher.
À ce moment précis et fugace, la lumière prend de jolies teintes allant du bleu sombre à un bleu plus clair en passant par des notes d’indigo, de rose, de violet ou d’orangé : l’occasion de donner une atmosphère rêveuse, mystique, claire-obscure ou encore mélancolique à vos images, selon l’endroit et l’heure du cliché.
Le plus délicat avec les heures bleues, c’est de ne pas sous-exposer l’image (comme il s’agit d’une période entre nuit et jour, les parties sombres de l’image pourraient être trop noires), ni de la sur-exposer (dans ce cas vous perdriez une bonne partie des teintes bleutées qui font tout l’intérêt de ces instants).
Levez-vous tôt ou patientez jusqu’après le coucher du soleil : votre effort sera récompensé par des photos aux ambiances assurément fortes !
Le contre-jour
Il s’agit de la lumière qui éclaire votre sujet par derrière. Ce type de lumière peut vraiment être très joli, mais il est difficile de savoir le travailler correctement lorsque l’on débute.
En effet le piège le plus courant est de réaliser une photo en contre-jour complet : le genre de photo où votre sujet est dans le noir, et l’arrière-plan sur-exposé, voire complètement « brûlé ». Même si dans le meilleur des cas vous parvenez à correctement exposer votre arrière-plan, le principal sujet étant tout noir, réduit à l’état de vague silhouette, votre photo sera complètement ratée.
Cet article ne traitant que de lumière naturelle, voici une solution naturelle, sans besoin d’accessoire complémentaire comme un flash cobra ou un réflecteur :
la seule solution pour ne pas rater une photo de paysage ou de portrait alors que le soleil éclaire votre sujet dans le dos… est de bouger avec votre corps :
Décalez-vous avec votre appareil pour chercher le bon angle, celui où le soleil sera caché derrière votre sujet, ou bien derrière un élément de la scène. C’est le seul moyen de ne pas réduire votre sujet à l’état de silhouette sombre. De plus, le soleil produira de jolis rayons qui envelopperont l’élément qui le cache.
Je vous conseille aussi de légèrement sous-exposer votre cliché, pour éviter que le ciel ne soit trop clair.
En réalité, maîtriser le contre-jour n’est pas si compliqué. Il s’agit juste d’être patient et de pratiquer un peu pour acquérir les bons réflexes.
Brouillard & Nuages
Un temps très nuageux ou un brouillard épais peuvent se révéler être d’excellentes opportunités pour les photographes. En effet les gouttelettes d’humidité rassemblées dans la brume agissent comme un diffuseur géant, créant une lumière très douce et très diffuse.
C’est exactement dans ce genre de situations que vous pouvez sortir une image totalement ennuyeuse, ou bien profiter de la lumière pour créer une ambiance laiteuse, rêveuse, romantique ou encore mélancolique.
Parfois, les couleurs deviendront quasi-monochromes, ce qui rendra l’atmosphère encore plus mystérieuse.
Bref, il s’agit d’un excellent moment pour sortir votre boîtier photo !
Le défi majeur consiste à trouver la bonne exposition : si vous sous-exposez, l’ambiance risque d’être trop terne. Mais si vous sur-exposez, alors vous risquez de finir avec un brouillard couleur blanc fluo, ce qui sera très moche. Il faut réussir à conserver de la « matière », à conserver des nuances de gris pour bien restituer l’ambiance.
Pour aller plus loin, je vous invite à lire mon article intitulé « Comment photographier le brouillard ? Mes 6 conseils »
La lumière latérale
Une lumière dite latérale est une lumière qui n’éclaire qu’un seul côté de votre sujet. Elle est idéale pour la photographie de portrait.
Par exemple si vous positionnez votre sujet à côté d’une fenêtre, le visage non pas face à elle mais de côté, en exposant l’un de ses profils à la fenêtre, alors une partie de son visage sera éclairée, et l’autre ne le sera pas.
Selon l’heure du jour, la lumière sera plus ou moins dure, plus ou moins contrastée. Si possible, essayez d’attendre une lumière plutôt douce car, encore une fois, les lumières dures ne sont pas du tout flatteuses pour les portraits. En attendant le bon moment, cette lumière latérale assurera à coup sûr de jolis contrastes qui donneront du relief à votre photo.
Ce type de lumière fonctionne également très bien en photo d’architecture. Elle peut notamment amplifier des lignes de perspectives.
À vous de jouer ! Exercice pratique !
Lors de votre prochaine réunion de famille, plutôt que de prendre simplement une photo de votre grand-père à table, demandez-lui de se décaler 30 secondes près de la fenêtre, non pas face à elle mais bien de côté, en lui présentant son profil.
Reculez un petit peu, zoomez légèrement pour donner un peu de profondeur de champ, et déclenchez (si vous utilisez un mode automatique, faites le point sur la zone la plus claire du visage).
Le tour est joué, vous devriez avoir réussi un joli portrait en lumière naturelle ! (Évidemment, ça fonctionne aussi avec votre belle-sœur, votre meilleur ami ou votre chien…)
La gestion de la lumière est un élément essentiel des qualités d’un photographe : alors ouvrez les yeux ! Soyez attentif à la lumière ambiante, observez comment elle tombe sur votre sujet, et changez votre angle de vue en conséquence : vous progresserez à coup sûr !
Et vous, avez-vous l’habitude de faire attention à la lumière ambiante avant de déclencher ? Avez-vous senti la qualité de vos images progresser après ce petit exercice pratique ?
…partagez vos retours d’expérience dans les commentaires !
Josiane64
Bonjour Tonton Photo,
Je viens de m’inscrire sur ton site car je cherche à m’améliorer car je ne me sers pas du tout de mon appareil photo car je ne connais pas toutes les astuces. Je t’écris car hier comme il faisait très beau après des jours de pluie, je me suis promenée au bord de la Nive et bien sûr j’ai pris des photos. Mais j’aurais une question.
Sur toutes les photos où l’on voit le ciel, il est blanc alors qu’il était très bleu et je trouve que cela enlève un peu de cachet. Comment faut-il faire pour garder ce ciel bleu ?
Merci d’avance pour ta réponse.
Amitié et merci pour ton site qui, je sens, va me rendre service.
Bonne fin de journée.
Josiane
Josiane64 Articles récents..SUR LES BORDS DE LA NIVE
Tonton Photo
Bonjour Josiane,
merci pour ton commentaire. Ce problème est dû à l’utilisation du mode automatique de ton appareil. Quand tu cadres avec ton viseur, il faut bien veiller à mettre les collimateurs au bon endroit dans la scène. En effet ton appareil va calculer l’exposition en fonction des éléments que tu vises avec tes collimateurs. Si tu vises une zone sombre de la scène, alors l’appareil va avoir tendance à éclaircir tout le reste pour avoir une exposition moyenne correcte… Il faut un peu s’entraîner pour bien saisir le principe.
Par exemple si la rivière que tu prenais en photo était très sombre et que tu as placé les collimateurs sur cette couleur sombre, alors ton appareil a éclairci toute l’image, dont le ciel, pour faire une exposition moyenne correcte. C’est pour cette raison que le ciel est devenu trop blanc.
Pour éviter ce problème il aurait fallu viser sur les berges si leur couleur était plus claire que celle de l’eau, ou bien sur une partie ensoleillée de la rivière, etc, etc…
Tu peux lire mon article sur la photo de neige, j’y parle justement de cette astuce qui consiste à viser volontairement un endroit précis de la scène puis à recadrer avant de déclencher.
Kevin
Salut Tonton,
En tant que nouvel arrivant sur ton blog, j’épluche les articles les uns après les autres et plutôt goulûment !
Une petite info supplémentaire concernant la lumière de midi : j’ai récemment vu le travail d’un photographe brésilien dans un HS de Courrier International (juillet-aout 2013, spécial Brésil. D’ailleurs, toi qui y es allé il y a peu, je te le conseille). Il met justement à profit cette lumière écrasante dans ses photos. Personnellement j’aime beaucoup. Il s’appelle Julio Bittencourt et on peut retrouver ses clichés sur le lien suivant : http://www.themorningnews.org/gallery/swimming-to-rio.
Encore bravo pour le remarquable travail que tu fais sur ce blog (accessibilité, interactivité, clarté, aspect ludique), continue !
Kevin
Tonton Photo
Merci Kevin !
ça me fait très plaisir 🙂
Merci pour le tuyau sur Julio Bittencourt, c’est intéressant et pas banal ! J’ai l’impression qu’il sous-expose pas mal pour donner cet aspect très particulier…
Howen
Moi aussi je (re)garde tes articles presqu’en livre de chevet…
Un article sur la lumière artificiel et principalement avec le(s) flash(s) seul, en déporté ou à plusieurs…ainsi que les « triggers » serait vraiment le bienvenu…
C’est un sujet peu traité. Pas mal de photographe passionné disent même ne pas aimer ce type de lumière…
Mais je crois personnellement qu’il y a bien des avantages à en tirer… non?
Bien cordialement à toutes et tous,
Howen
Tonton Photo
Merci, c’est sympa !
Très bien, je note l’idée de tutoriel…
AXA
Merci Kevin
Aza
C’est aza pas axa
Tonton Photo
😉
lyrence
Merci pour tous ces conseils….
lyrence
Je suis en train d’éplucher ton blog… mais c’est une mine d’or, whaou que de conseils!!! Dommage pour moi de ne pas l’avoir découvert plus tôt car j’ai fait un voyage en Norvège en hiver les aurores boréales étaient magnifiques mais hélas mes photos…….un désastre!!!!!
Je pense que je vais consulter ton blog souvent…
Tonton Photo
Merci pour ce message, c’est sympa !
Dommage pour les aurores boréales en effet… le principal c’est d’avoir pu en observer, c’est un souvenir extraordinaire 🙂
Claude Spitaels
Monsieur,
Merci pour votre aide,cela m’aide énormément
Encore bravo !
Claude
Pompon
Bonsoir Tonton Photo !
Merci pour tous tes conseils ! C’est grâce à cet article que j’ai découvert les GoldenHours ! Je n’ai plus qu’à trouver un bon point de vue…
Continue, ton blog est riche de conseils très utiles !
Pompon’
Pompon Articles récents..Triangle d’exposition – Ouverture
Ana MJ
Je viens de parcourir votre blog, en une seule vidéo j’ai appris plein de choses.
Merci pour ces conseils qui sont clairs et précis.
Ana
Anaëlle
Hello Tonton!
Merci beaucoup pour ton blog, vraiment bien fait et toujours un plaisir de te lire!
Je debute dans la photo argentique et je me demandais simplement quand tu parlais de sur ou sous exposition pour « le brouillard et nuages » et « le contre jour » avec un ISO 400 (c’est un film donc forcement je ne peux pas le changer), quelle ouverture me conseillerais tu dans les deux cas?
Ainsi que pour un film d’ISO 100? J’ai un lens 50mm et Canon AV-1
Je ne sais pas si c’est très clair mais merci d’avance
Tonton Photo
Merci Anaëlle.
Je suis malheureusement bien incapable de répondre à ta question, car il n’existe pas de réglage type. Tout dépend de la lumière ambiante (sombre ou pas), des éléments composants ta scène (sombres ou pas), de ton envie de figer la scène (vitesse rapide) ou de capturer le mouvement (vitesse lente), etc. La seule solution est donc de bien comprendre la technique photo et de t’entraîner encore et encore pour mieux définir les réglages idéaux pour chaque scène… Ne lâche rien !
Jean-Michel Walbrecq
petite contributions personnel de mise en pratique de la lumière du matin. photo faite avec mon smartphone. j’aime bien son ambiance bien qu’un peu sombre peut être?
Martine
Bonjour
J’avais déjà lu avec intérêt le livre, merci de pouvoir accéder à ce blog. J’ai un lumix fz 200 depuis 1 an et j’essaie d’utiliser le mode manuel, cela demande de la patience pour maitriser l’appareil photo mais c’est passionnant. Je suis contente de pouvoir m’enrichir des conseils donnés sur le blog. Merci pour ce travail Martine
Dominique
Bonjour,
Novice en photographie, je suis l’heureux pocesseur d’un Lumix FZ 200. Je viens de découvrir cette bible qui, sans aucun doute va me faire progresser afin de travailler en mode manuel, chose que je veux apprendre depuis un moment, afin d’utiliser au mieux mon APN.
Merci de nous faire partager, grâce à ce blog très instructif et clair, que je dévore tous les soirs, toute l’expérience du photographe professionnel.
Merci pour tous ces conseils…
Dominique